L’histoire contemporaine du Sahara a une bande originale : la guitare touarègue. Le desert est un lieu de privations et de beautés subtiles, un monde desolé qui révéle ses secrets lentement et prudemment. La vie y est resistante et forte et les gens de doux géants au milieu du sable, des tempêtes et du soleil. Voici la suite de notre guide !
Kel Assouf
Le guitariste et chanteur touareg Aboubacar Harouna dit Anana Harouna, est comme de nombreux musiciens de son ethnie contraint à l'exil. Partagé entre différents pays africains, le peuple touareg se retrouve malgré lui pris en otage dans différents conflits régionaux, quand il n'est pas purement et simplement opprimé.
Anana Harouna se retrouve en 2006 à Bruxelles où il forme Kel Assouf. Le nom du groupe ne peut se traduire littéralement et signifie "fils du désert" ou "fils de l'infini suivant les interprétations. Le groupe est composé de musiciens aux origines et aux influences diverses, qui viennent enrichir le son de Kel Assouf de leurs apports. Abdelwahab Hakem (choeurs, percussions) est Algérien, Mama Walet Amoumeine (chant) est Malienne et également chanteuse de Tartit, Olivier Crespel (guitare) est Français, Youba Dia (basse) est Mauritanien, Esinam Dogbaste (flûte, percussions) est Belgo-Ghanéenne, quand à Octave Agbekpenou (batterie) il est Togolais. Ce multi-culturalisme donne au blues du désert de Kel Assouf des inflexions qui vont du rock au reggae, en passant par les rythmes latinos.
Kel Assouf commence sa carrière par la scène et multiplie les concerts en Belgique plusieurs années durant. C'est également l'occasion pour Kel Assouf de se produire en première partie des grands de la musique africaine de passage en Belgique. Kel Assouf ouvre ainsi pour Tinariwen le 6 mai 2008 lors de son concert à L'Ancienne Belgique. Avec un répertoire testé et polit en grandeur nature, Kel Assouf décide que le moment est venu de sortir son premier album. C'est chose faite en janvier 2012 avec Tin Hinane qui révèle au grand public une musique qui fait danser les coeurs.
http://www.kelassouf.com/fr/
Etran Finatawa
Etran Finatawa, les étoiles de la tradition en langue tamashek, s’est formé en 2004 à l’occasion du Festival du Désert à Essakane, au Mali, autour de chanteurs et instrumentistes touaregs et peuls ((Wodaabe, Bororo du Niger), volonté de réunir deux cultures nomades comme un symbole de paix et de reconciliation. Créateur d’un style de fusion, le blues nomade, Etran Finatawa a fait de la diffusion de la musique traditionnelle targuis son credo.
Un blues nomade Au Niger, les Wodaabe et les Touaregs vivent côte à côte sur les franges du désert partageant les pâturages et les sources d’eau , sources de multiples conflits. La musique des deux peuples est très différente mais Etran Finatawa a réussi à combiner ces deux styles musicaux pour en faire une nouvelle forme de blues nomade proche dans les rythmiques des musiques de transe. Les chants polyphoniques Wodaabes sont accompagnés de guitares, de calebasses et de tendé (tambour traditionnel touareg du Nord du niger). Les compositions touaregs sont enrichies par les chants wodaabes, les deux chanteurs principaux Bammo et Ghalitane chantent ensemble en tamachek et en fulfulde. les jeux de scène sont marqués par les chorégraphie wodaabé rythmées par les Akayweres, clochettes fixées aux chevilles, instrument typique de Wodaabé. Leur répertoire moderne est dominé par les guitares électriques.
Les shows sont animés par des danse touareg et wodaabé . Les musiciens portent des tenues sélectionnées habituellement pour les festivals annuels du désert : longues tuniques brodées, ceintures en cuir et coiffures à plumes d’autruches. Des costumes qui contribuent en plus de leur blues saharien très original à leur succès : Etran Finatawa tourne en effet sur les scènes du monde depuis 2005 et a intégré le circuit Womad en 2006.
Etran Finatawa a fait notamment plusieurs tournées aux Etats-Unis. Musicothérapie Leur musique puisant dans le patrimoine des deux peuples et proposant également des airs contemporains, est chantée dans les deux langues, tamashek et peule, Les titres sont composés par des membres des deux peuples. Les textes racontent eux une histoire commune la vie nomade, l’isolement, la liberté, l’extrême précarité et la pauvreté, le climat rude, les belles femmes, les jours heureux, la vie des animaux, les festivités et les familles, les étoiles et les tempêtes du désert. Certaines chansons sont des chants de guérison, la musique représentant une thérapie visant à apaiser les conflits entre les deux communautés.
https://myspace.com/etranfinatawa
Source François Alvarez
Retrouvez la suite de notre guide, la semaine prochaine!
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